La responsabilité des scientifiques dans un système en crise

Coordination de l’atelier : Fondation Sciences Citoyennes (Fabien Piasecki)

Contact : fabien.piasecki@sciencescitoyennes.org

Partenaires associés : FPH (Fondation pour le Progrès de l’Homme), Forum Éthique et Responsabilité, INES (International Network of Engineers and Scientists for global responsibility), Fondation Sciences Citoyennes

Partenaires potentiels : Pugwash, ENSSER, Union of Concerned Scientists…

Description : Dans un système en crise, il est tentant de renvoyer la responsabilité d’une catastrophe sanitaire ou environnementale, des conséquences d’un mauvais choix politique ou financier vers une entité impalpable, intangible : l’administration, la Commission européenne, le marché, les décideurs, les experts… La réalité est bien plus complexe que cela. Pour ce qui concerne les sciences et les technologies, la relation entre le chercheur, ses recherches, leurs applications éventuelles (quels qu’en soient les commanditaires) et la société mérite d’être interrogée. Il semble aberrant de culpabiliser les chercheurs a priori. La science perdrait sa raison d’être si elle ne permettait plus l’exploration de champs inconnus ou mal connus. Pour autant un chercheur au fait des applications de ses travaux (ou de ceux des autres) n’a-t-il pas un devoir citoyen ? N’y a-t-il pas obligation ou devoir « sacerdotal » à lancer une alerte dès lors que la société ou la nature pourraient être affectées ? Il s’agira d’identifier comment un chercheur peut ou doit exercer sa responsabilité et de la confronter aux impératifs sociétaux et environnementaux révélés notamment par les organisations du mouvement social. La responsabilité du chercheur va de pair avec l’exigence de « modestie » de la science et pose également la question de la mise en place d’une charte (incluant les aspects éthiques), de recommandations (comme celles proposées par l’UNESCO en 1974) ou encore de l’inscription dans le cadre plus large du droit international. Autrement dit responsabilité, éthique, alerte, science et expertise seront les maîtres-mots de l’atelier auquel nous vous proposons de participer.

Il n’y a pas d’éthique et de responsabilité  propres à la recherche et aux chercheurs. Si ce pouvait sembler le cas quand l’éthique de la recherche  se limitait à la recherche du “vrai” et à la rigueur des méthodes ce n’est plus le cas aujourd’hui. L’interdépendance nouvelle entre les sociétés, l’impact croissant des activités humaines sur la biosphère, l’inscription de la techno-science dans l’ensemble de la vie économique et sociale et dans les rapports de force qui la régissent ne permettent plus de réduire l’éthique de la recherche à l’engagement de produire des connaissances fondamentales d’où découlerait nécessairement un mieux être pour tous. Les chercheurs ne peuvent plus se soumettre au seul jugement de leurs pairs. Il faut réinventer le contrat social entre la société dans son ensemble – qui finance la recherche, bénéficie de ses avancées mais en subit aussi les conséquences négatives, parfois révélées à long terme et irréversibles- et les chercheurs.Ce contrat doit se fonder sur  l’application à la recherche et aux chercheurs de l’éthique commune à tous, nécessaire pour gérer ensemble et de façon durable notre unique planète. Cette éthique commune du 21 ème siècle est centrée sur la responsabilité, car la responsabilité est à la fois le corollaire des droits et la conséquence du pouvoir.

L’éthique,  s’exerce à trois niveaux: celui des choix individuels; celui des références collectives d’un milieu socio-professionnel; celui du droit et des règles contraignantes. C’est à ces trois niveaux que les chercheurs sont invités à développer leur réflexion, élaborer leurs règles collectives de conduite et contribuer au développement du droit, tant au niveau national -par exemple avec la protection  juridique des lanceurs d’alerte- qu’au niveau international. Or il n’y a pas aujourd’hui de droit international de la responsabilité comparable à celui qui s’est élaboré à partir du socle de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH). Le contraste  entre des interdépendances devenues mondiales et un droit de la responsabilité resté circonscit dans les frontières nationales est au centre des dangers que court aujourd’hui et la planête et l’humanité. D’où la nécessité de promouvoir à l’échelle mondiale une Déclaration universelle des responsabilités humaines qui soit le pendant de la DUDH. Cela implique que les différents milieux socio-professionnels coopérent pour dégager de leurs réflexions  spécifiques des principes généraux communs susceptibles d’être la colonne vertébrale de cette Déclaration. Le Forum Ethique et Responsabilité, qui sera représenté à l’atelier, est un espace de coopération entre milieux et entre continents. Il permet  de confronter les avancées et les difficultés de mise en pratique du principe de responsabilité dans différents milieux, de dégager de cette confrontation des principes communs et de fédérer les efforts pour promouvoir cette Déclaration universelle des responsabilités humaines. L’enjeu de l’atelier est de définir la place du FMSD dans cette réflexion collective et dans cet effort.

 

Disponible en / Available in: French, Spanish, Portuguese (Brazil)

One Response to “La responsabilité des scientifiques dans un système en crise”

  1. Cécile Sabourin 28 January 2013 at 18 h 44 min # Reply

    Ayant activement milité pour inscrire la « responsabilités des scientifiques et académiques » comme thème discuté au FMSD et celui des scientifiques et responsabilités au sein du groupe Forum éthique et responsabilités, je ne peux qu’appuyer la tenue de cet atelier afin de discuter de principes fondateurs de la responsabilité comme complément aux pouvoirs qu’exercent comme professionnels de la connaissance. Cela est d’autant plus important que les sociétés et la planète toute entière connaissent un état de crises multiples persistantes.

    Cependant entre principes fondateurs et conjonctures et réalités, comme les chemins où s’égarer sont nombreux, il y a de nombreuses manières d’aborder ces sujets. Je me permets de faire connaître des sites (devenus plus ou moins actifs) que j’ai eu l’occasion d’approvisionner concernant différents aspects de la responsabilité des chercheurs, professeurs et scientifiques :
    (http://respoinfo.org/category/blogue/savoirs/)
    (http://fmsd-quebec.org/)

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