Compte-rendu de l’atelier “Nanotechnologie, géoingénierie, biologie de synthèse: de la nécessité d’une évaluation des technologies du global au local” (Tunis, 23 mars 2013)

Le titre de l’atelier décrit exactement ce qui a été présenté par les 2 intervenants et le sujet de la discussion.

En premier lieu, Steve Suppan, analyste des politiques pour l’Institut sur les politique agricole et commerciale nous a parlé des nanotechnologies, plus précisément des nanomatériaux en lien avec l’agriculture intensive et industrielle, par conséquent en lien avec les sols. La nanotechnologie se définit principalement par la taille de ses composantes, l’infiniment petit et le fait que des propriétés nouvelles apparaissent à cette taille ainsi que de potentielles nouvelles applications. Des nanomatériaux se retrouvent en effet dans les sols soit par contamination, soit par l’ajout volontaires de nanofertilisants ou encore de boues d’épuration des eaux usées réutilisées comme engrais. L’utilisation de nanotechnologies dans l’agriculture et la présence de nanomatériaux dans nos sols, notre eau, notre nourriture et éventuellement nos corps sans que la société dans toutes ses composantes n’est débattu, évalué, encadré, régulé leur usage cause problème. Plusieurs questions se posent quant à la santé des sols, à leur biodiversité, quant à la santé des humains, des fermiers, des consommateurs, quant à l’efficacité réelle de cette technologie et quant au besoin de l’utiliser. Bref, ce cas est un exemple frappant du besoin d’un processus d’évaluation technologique où le public, les scientifiques, les travailleurs, les gouvernements se doivent d’y prendre part de façon transparente et constructive. Et cala aurait du, devrait avoir lieu avant que les États investissent des fonds publics dans une technologie et avant que les produits atteignent le marché.

En deuxième lieu, Silvia Ribeiro, Directrice Amérique Latine pour ETC Group nous a présenté 2 autres technologies en rapide développement donc les impacts pourraient être considérables sur l’environnement. La biodiversité, les modes de subsistance des populations, l’économie mais qui sont encore très peu connues du public. Tout d’abord, elle nous a brossé un tableau général de ce qu’est la biologie synthétique, des possibles applications de cette technologie, des protagonistes derrière son développement qu’ils soient scientifiques, publics ou privés et des risques associés à celle-ci. La biologie synthétique, de la manipulation génétique extrême, vise à créer de nouveaux organismes vivants, à partir de séquences d’ADN fabriqués artificiellement, informatiquement, afin qu’ils remplissent certaines fonctions spécifiques comme des carburants, du plastique, des médicaments, même des épices et des flagrances à l’aide de biomasse terrestre. Ce ne sont que des exemples parmi tant d’autres car les tenants de cette science n’en voient pas les limites. Et les investisseurs non plus car les capitaux derrière cette science proviennent des plus grandes compagnies chimiques, agroalimentaires, pharmaceutiques de ce monde. Les questionnements sont nombreux au niveau éthique (nous créons de nouveaux organismes vivants); au niveau de la biosécurité; au niveau économique. Qu’en est-il de la mainmise et de l’accaparement de la biomasse pour nourrir ces nouvelles usines organiques? Ce ne sont que quelques exemples de questions.

Deuxièmement, Silvia nous a informé sur la géoingénierie qui consiste en la manipulation technologique, à grande échelle et intentionnelle du climat de la planète. Encore une fois, les intérêts pour certains et les risques pour tous sont multiples et considérables. Pour faire face aux changements climatiques et à l’inaction des États à réduire leurs émissions, des scientifiques, des instituts de recherche proposent une solution technologique pour influer le thermostat terrestre. Les méthodes sont diverses, mentionnons 2 des plus importantes soit la fertilisation des océans qui consiste à déverser du fer ou de l’urée dans l’océan pour susciter une plus grande absorption du carbone ou la création artificielle de nuage volcanique en propulsant des particules de sulfates dans la stratosphère pour accroître la réflexion des rayons du soleil. Les risques sont énormes. Comment peut-on tester une technique de géoingénierie si ce n’est à grande échelle, auquel cas on ne parle plus d’un test? Qui aura la responsabilité du climat? Un groupe d’État, un État unilatéralement, une multinationale puissante ou pire une armée? Qui décidera du climat idéal? Qui décidera du climat idéal? Qui sera responsable de la sécheresse en Afrique ou des inondations en Asie? Pas besoin de creuses très profond pour saisir les implications de cette solution technologique excusant les sociétés humaines de changer le système qui aura causé les changements climatiques en premier lieu. Cette proposition doit être bannie.

De quelle façon, en tant que sociétés et citoyens, aborder ces technologies émergentes? Quelles sont les étapes, les outils nécessaires, les acteurs concernés? Quel encadrement est nécessaire et à quel niveau : international, national, local ou les trois? Quelles sone le technologies dont nous voulons et celles dont nous ne voulons pas? Quelles sont les limites de l’évaluation des technologies?

La conclusion des présentations et discussion suivant l’atelier ont cherché à amener des pistes de solutions. Les 2 présentateurs plaident en faveur d’une évaluation indépendante, transparente, démocratique et éclairée des technologies avant leur développement avancé et leur déploiement. Certains modèles ont été mentionnés tels que le Mécanisme international de la société civile associé au Comité mondial sur la sécurité alimentaire ainsi que le processus de l’IAASTD (International Assessment of agricultural knowledge, science and technology for development). Il est essentiel de soutenir une critique sociale des technologies et fondamental d’entretenir un débat sain et éclairé. L’évaluation au niveau international est cruciale, surtout lorsqu’on discute de technologies qui ne connaissent pas de frontières. Mais ce n’est pas assez.

  • Les citoyens, les scientifiques, les travailleurs, les mouvements sociaux, toutes les composantes de la société civile doivent créer des plateformes d’observation et d’évaluation des technologies où ils choisiront les sujets d’étude et les critères qui les concernent.
  • Le public doit être impliqué dans le processus de décision.
  • L’éducation, la conscientisation doit commence à un très jeune âge.
  • Il faut briser la dichotomie science/ignorance et rétablir le lien qui a été brisé entre les scientifiques et la population, rouvrir les canaux de communication.
  • On doit prendre en considération tous les types de connaissances, multiplier les points de vue et les perspectives.
  • Une évaluation des technologies qui sera participative, impliquant différents intervenants, jouissant d’expertise complémentaires, qui émergera d’une société mobilisé est la clé.

Disponible en / Available in: Inglês, Francês, Espanhol

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Compte-rendu de l’atelier “Nanotechnologie, géoingénierie, biologie de synthèse: de la nécessité d’une évaluation des technologies du global au local” (Tunis, 23 mars 2013)

Le titre de l’atelier décrit exactement ce qui a été présenté par les 2 intervenants et le sujet de la discussion.

En premier lieu, Steve Suppan, analyste des politiques pour l’Institut sur les politique agricole et commerciale nous a parlé des nanotechnologies, plus précisément des nanomatériaux en lien avec l’agriculture intensive et industrielle, par conséquent en lien avec les sols. La nanotechnologie se définit principalement par la taille de ses composantes, l’infiniment petit et le fait que des propriétés nouvelles apparaissent à cette taille ainsi que de potentielles nouvelles applications. Des nanomatériaux se retrouvent en effet dans les sols soit par contamination, soit par l’ajout volontaires de nanofertilisants ou encore de boues d’épuration des eaux usées réutilisées comme engrais. L’utilisation de nanotechnologies dans l’agriculture et la présence de nanomatériaux dans nos sols, notre eau, notre nourriture et éventuellement nos corps sans que la société dans toutes ses composantes n’est débattu, évalué, encadré, régulé leur usage cause problème. Plusieurs questions se posent quant à la santé des sols, à leur biodiversité, quant à la santé des humains, des fermiers, des consommateurs, quant à l’efficacité réelle de cette technologie et quant au besoin de l’utiliser. Bref, ce cas est un exemple frappant du besoin d’un processus d’évaluation technologique où le public, les scientifiques, les travailleurs, les gouvernements se doivent d’y prendre part de façon transparente et constructive. Et cala aurait du, devrait avoir lieu avant que les États investissent des fonds publics dans une technologie et avant que les produits atteignent le marché.

En deuxième lieu, Silvia Ribeiro, Directrice Amérique Latine pour ETC Group nous a présenté 2 autres technologies en rapide développement donc les impacts pourraient être considérables sur l’environnement. La biodiversité, les modes de subsistance des populations, l’économie mais qui sont encore très peu connues du public. Tout d’abord, elle nous a brossé un tableau général de ce qu’est la biologie synthétique, des possibles applications de cette technologie, des protagonistes derrière son développement qu’ils soient scientifiques, publics ou privés et des risques associés à celle-ci. La biologie synthétique, de la manipulation génétique extrême, vise à créer de nouveaux organismes vivants, à partir de séquences d’ADN fabriqués artificiellement, informatiquement, afin qu’ils remplissent certaines fonctions spécifiques comme des carburants, du plastique, des médicaments, même des épices et des flagrances à l’aide de biomasse terrestre. Ce ne sont que des exemples parmi tant d’autres car les tenants de cette science n’en voient pas les limites. Et les investisseurs non plus car les capitaux derrière cette science proviennent des plus grandes compagnies chimiques, agroalimentaires, pharmaceutiques de ce monde. Les questionnements sont nombreux au niveau éthique (nous créons de nouveaux organismes vivants); au niveau de la biosécurité; au niveau économique. Qu’en est-il de la mainmise et de l’accaparement de la biomasse pour nourrir ces nouvelles usines organiques? Ce ne sont que quelques exemples de questions.

Deuxièmement, Silvia nous a informé sur la géoingénierie qui consiste en la manipulation technologique, à grande échelle et intentionnelle du climat de la planète. Encore une fois, les intérêts pour certains et les risques pour tous sont multiples et considérables. Pour faire face aux changements climatiques et à l’inaction des États à réduire leurs émissions, des scientifiques, des instituts de recherche proposent une solution technologique pour influer le thermostat terrestre. Les méthodes sont diverses, mentionnons 2 des plus importantes soit la fertilisation des océans qui consiste à déverser du fer ou de l’urée dans l’océan pour susciter une plus grande absorption du carbone ou la création artificielle de nuage volcanique en propulsant des particules de sulfates dans la stratosphère pour accroître la réflexion des rayons du soleil. Les risques sont énormes. Comment peut-on tester une technique de géoingénierie si ce n’est à grande échelle, auquel cas on ne parle plus d’un test? Qui aura la responsabilité du climat? Un groupe d’État, un État unilatéralement, une multinationale puissante ou pire une armée? Qui décidera du climat idéal? Qui décidera du climat idéal? Qui sera responsable de la sécheresse en Afrique ou des inondations en Asie? Pas besoin de creuses très profond pour saisir les implications de cette solution technologique excusant les sociétés humaines de changer le système qui aura causé les changements climatiques en premier lieu. Cette proposition doit être bannie.

De quelle façon, en tant que sociétés et citoyens, aborder ces technologies émergentes? Quelles sont les étapes, les outils nécessaires, les acteurs concernés? Quel encadrement est nécessaire et à quel niveau : international, national, local ou les trois? Quelles sone le technologies dont nous voulons et celles dont nous ne voulons pas? Quelles sont les limites de l’évaluation des technologies?

La conclusion des présentations et discussion suivant l’atelier ont cherché à amener des pistes de solutions. Les 2 présentateurs plaident en faveur d’une évaluation indépendante, transparente, démocratique et éclairée des technologies avant leur développement avancé et leur déploiement. Certains modèles ont été mentionnés tels que le Mécanisme international de la société civile associé au Comité mondial sur la sécurité alimentaire ainsi que le processus de l’IAASTD (International Assessment of agricultural knowledge, science and technology for development). Il est essentiel de soutenir une critique sociale des technologies et fondamental d’entretenir un débat sain et éclairé. L’évaluation au niveau international est cruciale, surtout lorsqu’on discute de technologies qui ne connaissent pas de frontières. Mais ce n’est pas assez.

  • Les citoyens, les scientifiques, les travailleurs, les mouvements sociaux, toutes les composantes de la société civile doivent créer des plateformes d’observation et d’évaluation des technologies où ils choisiront les sujets d’étude et les critères qui les concernent.
  • Le public doit être impliqué dans le processus de décision.
  • L’éducation, la conscientisation doit commence à un très jeune âge.
  • Il faut briser la dichotomie science/ignorance et rétablir le lien qui a été brisé entre les scientifiques et la population, rouvrir les canaux de communication.
  • On doit prendre en considération tous les types de connaissances, multiplier les points de vue et les perspectives.
  • Une évaluation des technologies qui sera participative, impliquant différents intervenants, jouissant d’expertise complémentaires, qui émergera d’une société mobilisé est la clé.

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