Compte-rendu de l’atelier « Culture scientifique et culture technique: enjeux de société et démocratie » (Tunis, 23 mars 2013)

Cet atelier était ouvert, sans orateur préalablement désigné. Il préparait un séminaire proposé par Transform! et la FMTS, lors du Forum Social Mondial (qui a eu lieu le jeudi 28 mars 2013). Il a réuni une cinquantaine de personnes.

Le présent résumé des discussions (rédigé par un petit groupe de 5 participants) a servi de base à la présentation de nos travaux lors de ce séminaire, par Samia Charfi Kaddour, vice présidente de la Société tunisienne de Physique.

Les thèmes abordés lors par les intervenants peuvent être regroupés selon 4 questions.

1) De quoi parle-t-on ?

Il ne s’agit pas donner des définitions mais de préciser la ou les significations données aux mots utilisés.

Science. Ce mot recouvre à la fois le sciences humaines et les sciences de la nature. Il se rapporte à la fois à d es contenus et à des démarches et méthodes.

Culture. Ce terme a été utilisé dans deux acceptions : l’une se réfère au patrimoine (de la communauté, du pays,  ou universel) et peut se résumer par l’expression homo culturos. L’autre désigne un outil pour comprendre le monde et pour agir. (citoyenneté).

Culture scientifique/culture technique : un débat a eu lieu sur l’intérêt de les distinguer ou non. Certains ne veulent pas les distinguer, soit parce que la lutte pour les répandre et les utiliser pour agir est la même, soit parce que pour eux, la techno-science est maintenant un fait établi. D’autres eu contraire pensent que la distinction est importante pour lutter contre la minoration de la technique, et contre les aspects néfastes de la techno-science.

Culture et science : enfin il a été proposé d’employer plutôt cette expression car les problèmes soulevés dépassent le seul périmètre des sciences.

Démocratie. Là encore les significations de ce terme sont diverses. Les uns se réfèrent plutôt aux formes institutionnelles, soit la démocratie parlementaire, délégataire, soit la démocratie directe, participative. Les autres voient surtonte une forme de justice sociale, la culture pour tous. Évidemment ces deux façons de comprendre ce mot sont souvent complémentaires.

2) Que souhaite-t-on ?

La fabrication d’un langage commun, entre scientifiques des divers champs disciplinaires et entre scientifiques et citoyens, pour dépasser les clivages des langages de spécialité.

L’alphabétisation scientifique de toutes les populations. Pour certains, les acteurs de cette diffusion des connaissances scientifiques doivent être les scientifiques eux même, qui doivent s’en sentir responsables ;  d’autres  soulignent le rôle important des médias et des associations d’éducation populaire.

Du côté des scientifiques, on souhaite une prise en compte des limites de chaque savoir, une prise de conscience de l’incertitude (toute connaissance génère des méconnaissances nouvelles), et de la complexité.

En résumé on souhaite que les cultures scientifique et technique soient incluses dans un savoir global, dans une culture générale.

3) Contre quoi doit on lutter ?

Contre une certaine forme de science qui s’oppose à la culture scientifique :

  • Atomisation des savoirs scientifiques
  • Confiscation des connaissances scientifiques par des experts qui divisent la société entre sachants et ignorants. Ou inversement contre l’idée que « tout se vaut ».
  • Dissymétrie Nord/sud, qui fait que certaines connaissances (par exemple les nanosciences) ne sont pas partagées avec les pays du sud.

Contre l’instrumentalisation des sciences (par exemple les mathématiques) pour faire accepter des décisions de politique scientifique ou technologique. On a souligné le rôle des médias qui font appel à un « expert » développant une conception (celle de l’idéologie dominante), par exemple en économie.

Contre une vulgarisation non problématisée des découvertes scientifiques qui accroissent le fossé entre ceux qui comprennent et ceux qui doivent « admirer ».

4) Comment avancer ?

 3 propositions ont été faites :

  • La formation des scientifiques aux problèmes de la société.
  • L’exigence d’expertises contradictoires
  • L’utilisation de référendum sur des questions de société pour générer à la fois un besoin de culture scientifique et technique multidimensionnelles (y compris contradictoires) dans la société et pousser les scientifiques à décloisonner et contextualiser leurs connaissances.

Disponible en / Available in: Anglais, Espagnol, Portugais - du Brésil

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Compte-rendu de l’atelier « Culture scientifique et culture technique: enjeux de société et démocratie » (Tunis, 23 mars 2013)

Cet atelier était ouvert, sans orateur préalablement désigné. Il préparait un séminaire proposé par Transform! et la FMTS, lors du Forum Social Mondial (qui a eu lieu le jeudi 28 mars 2013). Il a réuni une cinquantaine de personnes.

Le présent résumé des discussions (rédigé par un petit groupe de 5 participants) a servi de base à la présentation de nos travaux lors de ce séminaire, par Samia Charfi Kaddour, vice présidente de la Société tunisienne de Physique.

Les thèmes abordés lors par les intervenants peuvent être regroupés selon 4 questions.

1) De quoi parle-t-on ?

Il ne s’agit pas donner des définitions mais de préciser la ou les significations données aux mots utilisés.

Science. Ce mot recouvre à la fois le sciences humaines et les sciences de la nature. Il se rapporte à la fois à d es contenus et à des démarches et méthodes.

Culture. Ce terme a été utilisé dans deux acceptions : l’une se réfère au patrimoine (de la communauté, du pays,  ou universel) et peut se résumer par l’expression homo culturos. L’autre désigne un outil pour comprendre le monde et pour agir. (citoyenneté).

Culture scientifique/culture technique : un débat a eu lieu sur l’intérêt de les distinguer ou non. Certains ne veulent pas les distinguer, soit parce que la lutte pour les répandre et les utiliser pour agir est la même, soit parce que pour eux, la techno-science est maintenant un fait établi. D’autres eu contraire pensent que la distinction est importante pour lutter contre la minoration de la technique, et contre les aspects néfastes de la techno-science.

Culture et science : enfin il a été proposé d’employer plutôt cette expression car les problèmes soulevés dépassent le seul périmètre des sciences.

Démocratie. Là encore les significations de ce terme sont diverses. Les uns se réfèrent plutôt aux formes institutionnelles, soit la démocratie parlementaire, délégataire, soit la démocratie directe, participative. Les autres voient surtonte une forme de justice sociale, la culture pour tous. Évidemment ces deux façons de comprendre ce mot sont souvent complémentaires.

2) Que souhaite-t-on ?

La fabrication d’un langage commun, entre scientifiques des divers champs disciplinaires et entre scientifiques et citoyens, pour dépasser les clivages des langages de spécialité.

L’alphabétisation scientifique de toutes les populations. Pour certains, les acteurs de cette diffusion des connaissances scientifiques doivent être les scientifiques eux même, qui doivent s’en sentir responsables ;  d’autres  soulignent le rôle important des médias et des associations d’éducation populaire.

Du côté des scientifiques, on souhaite une prise en compte des limites de chaque savoir, une prise de conscience de l’incertitude (toute connaissance génère des méconnaissances nouvelles), et de la complexité.

En résumé on souhaite que les cultures scientifique et technique soient incluses dans un savoir global, dans une culture générale.

3) Contre quoi doit on lutter ?

Contre une certaine forme de science qui s’oppose à la culture scientifique :

  • Atomisation des savoirs scientifiques
  • Confiscation des connaissances scientifiques par des experts qui divisent la société entre sachants et ignorants. Ou inversement contre l’idée que « tout se vaut ».
  • Dissymétrie Nord/sud, qui fait que certaines connaissances (par exemple les nanosciences) ne sont pas partagées avec les pays du sud.

Contre l’instrumentalisation des sciences (par exemple les mathématiques) pour faire accepter des décisions de politique scientifique ou technologique. On a souligné le rôle des médias qui font appel à un « expert » développant une conception (celle de l’idéologie dominante), par exemple en économie.

Contre une vulgarisation non problématisée des découvertes scientifiques qui accroissent le fossé entre ceux qui comprennent et ceux qui doivent « admirer ».

4) Comment avancer ?

 3 propositions ont été faites :

  • La formation des scientifiques aux problèmes de la société.
  • L’exigence d’expertises contradictoires
  • L’utilisation de référendum sur des questions de société pour générer à la fois un besoin de culture scientifique et technique multidimensionnelles (y compris contradictoires) dans la société et pousser les scientifiques à décloisonner et contextualiser leurs connaissances.

Disponible en / Available in: Anglais, Espagnol, Portugais - du Brésil

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